Le groupe français Castel, qui vient d’officialiser la cession de ses actifs dans les eaux minérales en Côte d’Ivoire, envisage de faire de même au Cameroun avec sa filiale Société des eaux minérales du Cameroun (SEMC) qui réalise des performances peu reluisantes. « Dans 5 ans ou 10 ans, si un acheteur potentiel s’intéresse à Semc, ce serait vous mentir que de dire qu’on ne vendra pas », a déclaré, dans une interview publiée au journal EcoMatin, édition de ce 3 mai, Stéphane Descazeaud, le directeur général de la Société anonyme des boissons du Cameroun (SABC), entreprise à travers laquelle Castel contrôle la SEMC.

Le dirigeant s’est justifié en affirmant que la production et la commercialisation des marques Vitale et Source Tangui n’étaient plus réellement rentables pour le groupe en raison de la forte concurrence sur le marché, mais aussi de la hausse du coût des hydrocarbures, intervenue en le 1^er février 2023. « Aujourd’hui, la SEMC est dans un environnement de marché de l’eau qui est extrêmement concurrentiel. En réalité, l’eau est un business sans grande valeur ajoutée. Il s’agit d’un business de logistique et de transport. Chose qui ne s’arrange pas depuis l’augmentation du prix des carburants ».

Jadis leader de la vente des eaux minérales, SEMC a été déclassé en 2016 par Sources du Pays qui commercialise les marques Ôpur et Supermont. Cette entreprise, revenue sur le marché après une éclipse de quelques années, avait clôturé cette année-là avec environ 52% de parts du marché. Un leadership qui s’est conforté au fil du temps au point où la filiale de Castel a enchaîné trois années de pertes successives (-316 millions de FCFA en 2016, -936 millions en 2017 et -799 millions en 2018). À partir de 2019, l’entreprise a progressivement remonté la pente même si elle peine encore à retrouver son aura d’antan. Après un bénéfice de 331 millions de FCFA en 2020, puis 729 millions de 2021, SEMC va enregistrer une baisse de 42% de son résultat net pour l’exercice 2022.

Recentrage sur les boissons alcoolisées

Parallèlement à son retrait sur le segment de l’eau minérale, Castel renforce son emprise sur les boissons alcoolisées. En 2022, le groupe a racheté pour 300 milliards de FCFA, les actifs de Guinness Cameroon SA au britannique Diageo lui permettant d’être en quasi-monopole sur le marché de la bière. Le brasseur a par ailleurs annoncé un plan d’investissement de 200 milliards de FCFA sur les cinq prochaines années avec pour objectif d’améliorer la disponibilité de ses produits brassicoles, dans toutes les régions du Cameroun.

Concrètement, SABC prévoit la construction d’une distillerie à Mbandjock, dans la région du Centre. Cette unité sera dotée d’une capacité de production annuelle de 10 millions de litres d’alcool, ce qui permettra au leader du marché brassicole au Cameroun de ne plus importer cette matière première rentrant dans la production de ses boissons alcoolisées. Il est également prévu une augmentation de la production des bouteilles en verre à la Société camerounaise de Verrerie (Socaver), sa filiale dédiée. « Nous allons y redémarrer un four inactif depuis plusieurs années, ce qui nous permettra d’augmenter de 50% les capacités de production des bouteilles en verre, afin d’approvisionner toutes les usines de Boissons du Cameroun, y compris Guinness qui achetait ses bouteilles hors du Cameroun », a précisé Stéphane Descazeaud. 

Sur le segment des spiritueux, Boissons du Cameroun vient également d’accrocher le partenariat avec Pernod Ricard, suite à la faillite de BVS, l’ancien partenaire local de la firme française sur ces produits.

Source: Investir au Cameroun